Est-ce que la popularité des portefeuilles numériques signifie que l'économie québécoise va se tourner de plus en plus vers les paiements sans espèces? Nous avons interrogé plus de 250 utilisateurs de téléphone intelligent dans cette province pour en savoir plus.
Ce dont nous allons parler
- Le portefeuille numérique est-il un moyen de paiement courant en 2023?
- Les portefeuilles numériques suscitent des inquiétudes quant à la confidentialité des données, mais cela n'a que peu d'impact sur leur utilisation
- Que pensent les résidents québécois d'une société sans espèces?
- Le Québec n'est pas encore une société sans espèces, mais les temps changent
Notre étude démontre que les portefeuilles numériques sont devenus populaires au Québec, surtout depuis le début de la pandémie. Près de la moitié des utilisateurs de téléphones portables les utilisent, un autre quart s'y intéresse, et près de 80 % des utilisateurs ont commencé à s'en servir au cours des trois dernières années.
C'est une tendance qui doit être prise en compte par les petites et moyennes entreprises (PME). La croissance des portefeuilles numériques résulte d'une série de développements technologiques et reflète l'évolution des attitudes à l'égard du commerce de détail, des paiements et de la confidentialité des données. Même si vous n'utilisez pas de portefeuilles numériques dans votre entreprise, une bonne connaissance du sujet vous aidera à comprendre l'évolution des attentes des clients.
Dans ce deuxième article, nous aiderons les PME à comprendre comment les consommateurs utilisent leurs portefeuilles numériques lorsqu'ils magasinent et paient. Nous examinerons également de plus près les questions liées à la confidentialité des données lors de l'utilisation des moyens de paiement électroniques, ainsi que l'opinion plus générale sur la réglementation des paiements électroniques et le passage vers une société sans espèces.
Vous trouverez la méthodologie complète au bas de cet article.
Le portefeuille numérique est-il un moyen de paiement courant en 2023?
On utilise les applications de portefeuille numérique dans de nombreux commerces de détail, allant des petits magasins indépendants aux hypermarchés. L'infrastructure nécessaire est largement accessible aux vendeurs, et la plupart des systèmes de points de vente (POS pour Point Of Sale, en anglais) modernes permettent un paiement sans contact via une carte bancaire ou un appareil mobile doté d'une application de portefeuille numérique. Il suffit aux acheteurs de connecter cette application à leur carte bancaire.
Les personnes qui se servent de leur portefeuille numérique pour payer avec leur carte bancaire ont tendance à le considérer comme principal moyen de paiement. 87 % déclarent qu'ils ont configuré leur carte bancaire principale en portefeuille numérique et les données suggèrent qu'ils privilégient ce moyen de paiement dans de nombreux cas. Cependant, ce n'est pas le moyen de paiement le plus prisé, du moins pas encore.
À l'exception des transports publics, environ 35 à 40 % des utilisateurs se servent systématiquement de leur portefeuille numérique comme principal moyen de paiement, et beaucoup d'autres déclarent s'en servir pour faire les courses, pour le commerce de détail, pour sortir prendre un verre ou aller au restaurant. Le fait que moins de personnes s'en servent pour les transports publics peut être dû au fait que les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête ne les empruntent pas, ou que les réseaux de transport qu'elles utilisent n'acceptent pas encore les paiements sans contact (article en anglais).
Les portefeuilles numériques suscitent des inquiétudes quant à la confidentialité des données, mais cela n'a que peu d'impact sur leur utilisation
La confidentialité des données a été un thème récurrent tout au long de l'enquête. Quatre groupes d'utilisateurs distincts nous ont fait part de leurs inquiétudes à ce sujet.
- Les personnes qui ne s'intéressent pas aux portefeuilles numériques citent comme raisons principales à ce manque d'intérêt les inquiétudes concernant la protection des données (63 %) et la crainte de perdre des données sensibles en cas de vol de leur téléphone (52 %).
- Les personnes qui ont cessé d'utiliser des portefeuilles numériques considèrent que ce sont des préoccupations importantes (bien qu'à un degré moindre, à hauteur de 20 % de répondants).
- 37 % des personnes qui s'intéressent aux portefeuilles numériques, mais qui ne les ont pas encore utilisés, déclarent que les problèmes de protection des données les en ont dissuadés.
- La perte ou le vol d'un téléphone portable et la perte consécutive d'informations sensibles constituent le deuxième inconvénient majeur cité par 42 % des utilisateurs de portefeuilles numériques.
Ceux qui utilisent des portefeuilles numériques pour payer avec leur carte bancaire sont également conscients du fait que les données relatives à leurs dépenses sont collectées. 11 % se sont déclarés extrêmement préoccupés par cette question, et 47 % plutôt préoccupés. Mais parmi ceux qui s'en inquiètent, la plupart (64 %) disent que cela n'affecte pas l'utilisation qu'ils font de leur portefeuille numérique. 33 % d'entre eux admettent qu'ils essaient de restreindre leur utilisation de ces applications et seulement 3 % ont décidé de s'en passer.
Il semblerait que ceux qui utilisent leur portefeuille numérique pour payer ne sont pas tout à fait convaincus par le niveau de protection dont ils bénéficient par le biais de ces applications ni par la manière dont les fournisseurs d'applications et les pouvoirs publics pourraient agir. La moitié d'entre eux ne sont pas persuadés que les pouvoirs publics en fassent assez pour réguler la manière dont les informations provenant des portefeuilles numériques sont collectées et utilisées, seuls 23 % se croient protégés. (Ceci dit, des efforts sont en cours pour moderniser la loi sur la protection des données au Québec, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les entreprises, en matière d'intelligence artificielle et de sécurité.)
De même, 38 % de ces répondants ne sont pas persuadés que les sociétés financières qui proposent des moyens de paiement électroniques en fassent assez pour protéger les informations relatives à ces paiements. Toutefois, les personnes interrogées sont plus nombreuses (34 %) à penser que ces sociétés font plus d'efforts que les pouvoirs publics.
Que pensent les résidents québécois d'une société sans espèces?
L'un des avantages des applications de portefeuille numérique est qu'elles permettent aux gens de sortir de chez eux avec un seul objet en poche : leur téléphone. Comme ces applications stockent toutes les informations dont ils ont besoin, allant des paiements effectués aux détails de leur carte bancaire, et jusqu'à leur clé de voiture, cela pourrait constituer un argument déterminant pour le passage à une société prétendument sans espèces dans un futur proche. Bien entendu, cela dépend encore de leur taux d'adoption et de l'existence d'une infrastructure suffisante pour les accueillir.
Dans l'ensemble, les personnes qui paient par carte bancaire par le biais d'un portefeuille numérique estiment que le Canada est suffisamment équipé pour cela.
Comme nous l'avons vu dans la première partie, l'utilisation des portefeuilles numériques a considérablement augmenté depuis 2020, ce qui n'aurait pas été le cas si les détaillants ne les avaient pas largement acceptés. 49 % sont plutôt d'accord avec l'affirmation selon laquelle “il existe une bonne infrastructure pour utiliser les portefeuilles numériques dans [leur] pays", tandis que 40 % sont tout à fait d'accord avec cette affirmation.
Toutefois, ces utilisateurs ne font pas encore preuve d'un enthousiasme débordant à l'idée d'abandonner tout de suite les moyens de paiement classiques. Si 61 % des personnes interrogées se disent prêtes à ne plus utiliser d'espèces et à passer aux paiements exclusivement électroniques, une légère majorité (51 %) déclare également avoir toujours un peu d'espèces à portée de main. Ce groupe est également partagé quant au passage à un système sans carte à l'échelle de la société : 46 % n'y voient pas grand intérêt, alors que 54 % se disent ouverts à l’idée.
Le Québec n'est pas encore une société sans espèces, mais les temps changent
Une société sans espèces au Québec n'est peut-être pas pour demain. Même ceux qui ont adopté le portefeuille numérique ne l’envisagent pas encore comme unique moyen de paiement. Selon votre secteur d'activité et son mode opératoire, vous n'aurez peut-être pas besoin de manipuler des espèces, mais si vous êtes en contact avec le public, vous devriez traiter les transactions en espèces tout en encourageant le passage aux paiements électroniques.
Notre enquête a révélé d'autres inquiétudes et incertitudes quant à la protection de la vie privée des personnes qui utilisent des portefeuilles numériques. Comme nous l'avons vu dans la première partie, voici une occasion pour les marques de faire valoir leurs compétences dans ce domaine auprès de la clientèle et de se démarquer de la concurrence.
Méthodologie
Pour collecter les données utilisées dans ce rapport, GetApp a mené une enquête en ligne en juin 2023. Pour ce faire, nous avons sélectionné un échantillon de 1 016 individus à travers tout le pays (dont 287 résident au Québec). L'échantillon de participants est représentatif de la population canadienne en termes d'âge et de genre. Les critères de sélection étaient les suivants :
- Âgé(e) de 18 ans minimum
- Possède un téléphone intelligent
- Sait identifier correctement la définition de portefeuille électronique