Alors que le monde devient de plus en plus numérique, les petites et moyennes entreprises n’ont plus d’autre choix que d’adopter de nouvelles technologies. En effet, la pandémie de COVID-19 a eu une influence importante sur l’adoption numérique des PME. Les consommateurs étant de plus en plus demandeurs de dématérialisation, le gouvernement du Canada a lancé le Programme canadien d’adoption du numérique (PCAN), investissant ainsi 4 milliards de dollars pour aider les entreprises à améliorer leurs capacités numériques.

Le PCAN a été annoncé en juillet 2021, mais 52 % des responsables interrogés lors de notre enquête sur la transition numérique n’en avaient alors jamais entendu parler. Seuls 13 % des dirigeants d’entreprises interrogés dans l’ensemble du pays ont participé au Programme canadien d’adoption du numérique. En comparaison, les dirigeants basés au Québec étaient plus au fait de l’existence du PCAN. Seuls 35 % d’entre eux n’en avaient jamais entendu parler.
Nous avons voulu savoir ce que les PME au Québec connaissaient du virage numérique, la nature des tendances actuelles, et l’utilisation que les entreprises font des logiciels tels que les plateformes d’adoption digitale, les espaces de stockage en ligne et les outils de communication d’équipe pour les accompagner lors de leur transformation numérique. À ces fins, GetApp a interrogé 200 professionnels de niveau cadre ou dirigeant et plus de 800 employés d’entreprises numérisées réparties dans l’ensemble du pays (la méthodologie complète figure au bas de cet article).
Qu’est-ce que le virage numérique?
Avant de nous plonger dans les tendances de la numérisation au Canada, il est important de comprendre ce dont il s’agit. Le virage numérique désigne l’utilisation de technologies numériques pour modifier ou améliorer le fonctionnement de l’entreprise : repenser un modèle commercial, puiser dans une nouvelle source de revenus ou optimiser des processus existants.

Bien que l’on considère souvent ces termes comme des synonymes, il existe une différence entre le virage numérique et la numérisation ou digitization en anglais. Cette dernière désigne le processus de convertir des informations d’un support analogue à un support numérique (par exemple, saisir des données manuscrites sur ordinateur). De plus, on peut parler de transformation numérique ou digital transformation en anglais, un terme qui inclut toute initiative visant à ajouter ou moderniser des aspects numériques de l’entreprise.

La plupart des employés ne sont pas des experts en adoption numérique
Si le Programme canadien d’adoption du numérique a pour but d’aider les PME à développer des compétences numériques compétitives, les entreprises peuvent rencontrer des difficultés au moment de trouver des employés qualifiés pour accompagner ces initiatives. À l’échelle nationale, 49 % des employés interrogés ont dit être au courant du concept de virage numérique et près d’un quart d’entre eux (22 %) n’en avait jamais entendu parler. Seulement 30 % des employés disent comprendre les tenants et aboutissants du virage numérique, ce qui révèle que les entreprises doivent investir dans la formation pour que les effectifs comprennent l’importance de l’adoption numérique.
Au Québec, les positions extrêmes sont plus nombreuses par rapport aux connaissances du reste du pays. 29 % des personnes interrogées n’ont jamais entendu parler de virage numérique tandis que 35 % des employés basés au Québec connaissent très bien le sujet.
Convaincre des employés d’accompagner une stratégie d’adoption numérique n’est pas forcément chose compliquée : il suffit d’expliquer ces stratégies aux derniers arrivés, peut-être pendant leur intégration, car ceux qui ont le moins d’expérience sont aussi ceux qui sont le moins au fait du concept. Au niveau national, seuls 22 % des participants dits débutants connaissaient bien le virage numérique, contre seulement 6 % des stagiaires.

Les sectors qui ont le plus de mal a comprendre le virage numerique
Pour identifier les secteurs qui ont le plus de mal à prendre le virage numérique, nous avons étudié leur répartition parmi les participants à notre enquête. Cette analyse révèle quels secteurs sont les moins au fait de l’adoption numérique et de son importance pour la croissance économique. Nous avons également déterminé quels sont les secteurs les plus conscients du virage numérique.
Les participants qui n’ont jamais entendu parler de virage numérique font partie des secteurs suivants :
- 31 % dans le secteur à but non lucratif
- 30 % dans le transport et la logistique
- 29 % dans le commerce et les ventes
Secteurs où les personnes interrogées disent être familiarisées avec le concept de virage numérique :
- 75 % dans le marketing et les RP
- 68 % dans l’informatique et la technologie
- 57 % dans la communication
Les secteurs du transport et du commerce ont subi de lourdes pertes pendant la pandémie de COVID-19, de même que le secteur des organisations à but non lucratif, qui a eu bien des difficultés à répondre à la demande. Si les effets de la pandémie mondiale sont bien entendu à blâmer, il est fort probable que le manque généralisé de connaissances sur la transformation numérique dans ces secteurs a contribué aux difficultés rencontrées.
En revanche, les secteurs les plus sensibilisés au virage numérique sont ceux qui s’appuient sur des compétences numériques pour effectuer tout ou au moins une partie de leur travail. La résilience des entreprises qui accompagne ce concept peut expliquer pourquoi ces secteurs n’ont pas connu les mêmes difficultés que les autres.
Presque 2 responsables sur 3 indiquent que la pandémie a influencé le virage numérique
Près de 65 % des personnes interrogées ayant un rôle décisionnel au Québec ont indiqué que la pandémie de COVID-19 avait influencé la volonté de leur entreprise de numériser davantage de processus. Parmi ces 65 %, la moitié dit l’avoir fait pour faciliter leur travail pendant la pandémie. L’autre moitié affirme que les nouveaux processus numériques étaient indispensables à la survie de leur entreprise pendant cette période.

Même si la pandémie de COVID-19 semble se stabiliser au Québec, il n’y a pas de retour en arrière possible en termes de transformation numérique. Plus de la moitié des cadres québécois (51 %) déclarent qu’ils n’abandonneront aucune des nouvelles technologies adoptées pendant la pandémie. Seuls 22 % des cadres pensent éliminer au moins une technologie, citant l’évolution des modèles commerciaux comme motif.
Quelles sont les technologies à l’origine des tendances en matière de virage numérique?
Si l’on examine les outils les plus couramment adoptés, on constate ici aussi l’influence de la pandémie. Les cadres ayant participé à notre enquête ont indiqué que le stockage en ligne était la technologie la plus couramment utilisée par les PME.
Quant à la deuxième technologie la plus souvent mise en œuvre, on peut nommer :
- Les outils de communication en équipe
- Les solutions de portail RH et employés
- Les logiciels de comptabilité
- Les logiciels de réunion à distance
Si les fonctions de ces logiciels diffèrent, ils ont tous un point commun : ils permettent d’accéder à distance à des processus vitaux pour l’entreprise. Lors d’une pandémie où la distanciation physique est cruciale, ces outils permettent aux employés de se réunir et de partager des informations et des données en toute sécurité. Comme la plupart des responsables ont également indiqué ne pas avoir l’intention d’abandonner ces technologies, il semble que les méthodes de travail numériques deviennent une constante.

Les jeunes employés veulent des lieux de travail numérisés
Quant aux impressions des employés sur leur lieu de travail numérique, les différences d’opinions semblent suivre les différences d’âge. La majorité des employés âgés de 18 à 22 ans (49 %) et vivant dans l’ensemble du pays considèrent que leur lieu de travail est peu axé sur le numérique. La plupart des répondants de 23 à 35 ans (45 %) pensent que leur lieu de travail est quelque peu numérique, tout comme la plupart des 36 à 55 ans (48 %). Les participants âgés de 65 ans et plus (50 %), en revanche, ont tendance à considérer leur lieu de travail comme extrêmement numérique.
Non seulement les jeunes générations ont des attentes plus élevées quant aux critères qui font qu’un espace de travail est réellement numérique, mais elles ont également tendance à privilégier les environnements hautement numérisés. Lorsqu’on leur demande si la présence de processus numériques influencerait leur choix professionnel, seuls 16 % des participants âgés de 18 à 22 ans répondent que cela n’a pas d’importance, contre 27 % des répondants âgés de 56 à 65 ans. Cela suggère que les générations plus âgées se soucient moins du niveau de virage numérique de leur entreprise.
Les jeunes employés trouvent les flux de travaux numériques plus faciles à naviguer
L’âge joue un rôle non seulement dans la façon dont les employés envisagent le virage numérique , mais aussi dans leur façon de s’adapter aux nouveaux processus numériques. Plus d’un tiers des participants à l’enquête âgés de 18 à 22 ans (37 %) estiment que les flux de travaux numériques de leur organisation sont très facilement compréhensibles. En contrepartie, 34 % des 23-35 ans ont la même impression, tandis que seulement un quart des 36-55 ans (25 %) disent se sentir à l’aise.

Les entreprises se préparant à accélérer leur transformation numérique doivent garder à l’esprit que certains employés peuvent avoir besoin d’un soutien et d’une formation supplémentaires. Une plateforme d’apprentissage peut fournir des parcours d’apprentissage personnalisés et des programmes de formation numérique aux collaborateurs les moins à l’aise avec la technologie.
Les espaces de travail numériques doivent être adaptés aux besoins des entreprises
Alors que les PME au Québec prennent le virage numérique , il est important de se rappeler qu’il n’existe pas de solution unique pour réaliser ces transformations numériques. Les besoins des entreprises dépendent du type d’organisation, du secteur d’activité et de la tranche d’âge des employés, entre autres facteurs.
Les petites et moyennes entreprises doivent toujours prendre en compte les besoins les plus urgents de l’organisation, et ce, afin de rechercher les solutions technologiques les plus à même de mieux les servir. Les entreprises souhaitant diversifier ou améliorer leurs flux de travaux numériques devraient commencer par se pencher sur une plateforme d’adoption numérique afin de fournir un soutien pédagogique sur les nouveaux outils ainsi que des rapports d’utilisation détaillés sur l’efficacité des technologies mises en œuvre.
Méthodologie:
Pour collecter les données de ce rapport, nous avons mené deux enquêtes en ligne en octobre et novembre 2021. Pour l’ensemble des participants à l’enquête pour les employés, nous avons identifié 800 Canadiens correspondant à nos critères:
- Doit résider au Canada
- Doit avoir plus de 18 ans
- Doit être employé à temps plein ou mi-temps
- Travaille dans une PME (de 2 à 250 employés)
- A un poste débutant, intermédiaire ou de stagiaire
- Doit avoir au moins un processus numérique en place
Quant aux données spécifiques au Québec dans l’enquête destinée aux employés, 92 résidents répondant aux critères ci-dessus ont été interrogés.
Pour l’ensemble des participants à l’enquête pour les personnes interrogées ayant un rôle décisionnel, nous avons identifié 200 Canadiens correspondant à nos critères:
- Doit résider au Canada
- Doit avoir plus de 18 ans
- Doit être employé à temps plein ou mi-temps
- Travaille dans une PME (de 2 à 250 employés)
- A un poste managérial ou de directeur
- Doit avoir au moins un processus numérique en place
Quant aux données spécifiques au Québec dans l’enquête destinée aux responsables, 37 résidents répondant aux critères ci-dessus ont été interrogés.